
Lire notre critique de L’Embrasement, second tome de cette trilogie.
Myrtille
/!\ Cette critique est sous spoiler jusqu’au dernier paragraphe.
Je sens que je vais avoir beaucoup de mal à m’exprimer, alors si je fais des phrases sans queue ni tête pardonnez moi d’avance \o/
Hunger Games. La Révolte. Elle était sur le point d’éclater, si ce n’était déjà fait, dans le deuxième tome. Des districts opposaient déjà une résistance, la tension était palpable. Mais au final, on sait que les rebelles n’attendaient qu’une chose : un élément déclencheur. Et Katniss, avec ses baies dans l’arène lors du tome 1, a été à son insu cet élément. La dernière phrase du 2 a naturellement soulevé de nombreuses questions : “Katniss, il n’y a plus de district 12.”
On retrouve donc Katniss sur les ruines de son district, à marcher dans les cendres.
Lorsqu’elle a tiré dans le “défaut de la cuirasse” de l’arène-horloge de l’édition de l’Expiation lors du tome 2, les forces du District 13 ont évacué Katniss, Finnick (le séduisant tribut du district 4) et Beetee (issus du district 3, génie technologique). Cependant, le Capitole a capturé les autres vainqueurs survivants : Johanna, Enobaria et surtout… Peeta.
La théorie comme quoi les habitants du district 13 avaient survécu se révèle réelle. Ils ont réussi à survivre sous terre. Ils préparaient la rébellion. Katniss va leur en vouloir un bon bout de temps car ils ne sont pas venus en aide aux autres districts…
… Mais Katniss en veut à la terre entière désormais. Et elle trouve mille et une raisons d’haïr le 13 : principalement le fait qu’ils n’ont pas récupéré Peeta. Et puis, plus elle passe du temps dans ce nouveau district, plus elle s’en rend compte : elle a plus que l’impression de servir, encore une fois, de pion dans des Jeux. Et puis elle doit faire un choix. La rébellion dépend désormais de celui ci : elle doit endosser pleinement son rôle de geai moqueur, devenir le visage de la révolte. Elle accepte enfin…
La “Guerre des ondes” commence. Les rebelles du 13 tournent ensemble, avec leur geai moqueur, des spots sur le terrain. Ils les diffusent dans les districts et même au Capitole grâce au génie de Beetee. Ils maintiennent la flamme, l’envie de se battre des rebelles, et rappellent au Président Snow que la révolte gronde et qu’il n’est plus maître de tout.
Le Capitole riposte tant bien que mal avec des interventions de Peeta. Ce dernier appelle à un cessez-le-feu, visiblement sous la menace de Snow. Il va payer cher le fait d’avertir les habitants du 13 qu’ils vont être bombardés. La Présidente Coin (gouvernante du 13) reconnait qu’ils doivent tous une fière chandelle au jeune homme. Mais la vie sans Peeta est trop dure pour Katniss, si bien qu’il a été décidé d’aller le chercher au Capitole, ainsi que Johanna, Enorbia et Annie. Annie… Prétendument folle… Le Capitole l’a également faite prisonnière. Elle est la raison d’être de Finnick qui se consume à l’hôpital du district 13. Il est le seul qui comprend réellement ce qu’endure Katniss face à la perte de Peeta, et bien que son état ne soit pas exemplaire, il est moralement d’une grande aide à la jeune fille. Les forces du 13 reviennent donc avec les anciens vainqueurs. Autant les retrouvailles de Finnick et Annie sont merveilleuses, autant celles de Peeta et Katniss le sont un peu moins…
Le Capitole a fait subir à Peeta un lavage de cerveau. On lui a injecté du venin de guêpe, puis on l’a mis devant des images de Katniss, que son cerveau s’est empressé de déformer et de rendre effrayantes. Ainsi, il la considère désormais comme une ennemie mortelle, et affirme même qu’elle est une mutation génétique…Autant dire que l’effet sur Katniss ne se fait pas attendre. Elle comprend qu’elle ne retrouvera jamais le Peeta qu’elle a connu, qu’elle a aimé. Sa motivation désormais: tuer Snow. C’est ce qui la fait avancer. Elle va tout mettre en oeuvre pour se rendre au Capitole, jusqu’à suivre un entraînement intensif en quelques semaines afin d’être admise dans l’une des escouade qui va s’envoler vers sa destination finale…
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La détresse de Katniss dans ce tome m’a touchée en plein coeur. Déjà, elle a été traumatisée par ses expériences aux Hunger Games, et maintenant, on lui enlève Peeta. On l’oblige (plus ou moins mais disons qu’on lui a largement forcé la main) à devenir le symbole d’une rébellion qui, elle le sait, va encore faire des morts. Et ses cauchemars sont plus terrifiants que jamais…
Puis il y a Gale, qui rien que par sa présence lui rappelle Peeta. Il y a une part de lui qui tente toujours de conquérir son coeur… Il la soutient du mieux qu’il peut, mais on sent que leurs relations se sont altérées et que rien ne sera plus jamais comme avant… Mais comme le dit si bien Johanna, qui sors indemne des Hunger Games ? En ayant vu le film et en ayant lu le tome 1, je le préférais un peu à Peeta, il avait l’air nettement plus sincère. Mais il s’est avéré que Peeta était lui aussi sincère et, succession d’événements je me suis mise à le préférer. Gale, dans ce tome, a l’air vraiment dévoué à la cause. Il est prêt à se sacrifier, eh bien d’accord. Mais il met d’autres vies en jeu, et son implication corps et âme dans cette guerre m’est apparue un peu excessive. Il y a quelque chose, dans son comportement, sa façon d’être, tout, qui a changé et qui ne passe pas…
Il faut savoir que j’ai pleuré je ne sais combien de fois à la lecture de ce livre, et entre autre dès qu’on abordait Peeta… Son sort m’a carrément horrifiée, et puis la façon dont le Capitole l’a utilisé, … c’est ignoble ! Je me suis accrochée au maigre espoir qu’il guérisse et je crois que j’ai été récompensée ^^ A partir du moment où il a rejoint l’escouade de Katniss au Capitole, on a sentit que quelque chose avait évolué bien qu’il a une fois de plus tenté de s’en prendre à elle. Ce que fait Peeta, depuis le premier tome, a toujours été remarquable, il a toujours tout fait pour protéger Katniss et ils s’en rendent compte ensemble : ils sont toujours dans l’arène, à tenter de maintenir l’autre en vie. Leur amour est vraiment passionnel, et bien qu’à un moment Katniss a cru y renoncer, on se rend vite compte qu’elle a besoin de lui. Sa difficulté à faire le tri dans ses sentiments ne l’aide pas mais c’est ce qui la rend désirable, aussi.
Les relations d’Haymitch et de Katniss sont compliquées, mais les relations de Katniss avec tout le monde sont compliquées, donc bon. Haymitch continue pourtant de protéger la jeune fille, tout ce qu’il a fait jusqu’à présent était dans le but de l’aider, et il faut admettre qu’il lui a sauvé la vie plus d’une fois. Son personnage a beaucoup évolué depuis le début, et bien qu’il soit ivrogne incurable, il est parfois assez sobre pour avoir un jugement sérieux et judicieux. Je le vois désormais comme une sorte de deuxième père pour Katniss, qui est là pour elle, tente de la protéger, l’aide. Et il est sincère. C’est ce que j’aime bien avec Haymitch, il va droit au but, tourne rarement autour du pot, sa franchise fait sa force.
Prim a beaucoup grandit et mûrit depuis le premier volet, elle est désormais en mesure de comprendre ce qu’endure Katniss, de la conseiller, de l’aider. L’évolution de son personnage est remarquable, elle n’en est que plus attachante. La vie au Treize lui réserve un avenir brillant de médecin, mais elle n’aura pas la chance d’y accéder…
Finnick se découvre dans ce tome… Et on ne peut que l’admirer pour tout ce qu’il a enduré… Son histoire m’a fait pleurer – quoi ? vous aviez deviné ?!… Il touche le fond, il est tellement désespéré, mais il conserve une once de bon sens qui va éclater et l’envahir lors de ses retrouvailles avec sa dulcinée, Annie, qui était également détenue au Capitole. Leur amour à eux aussi est passionnel. Comme leur état mental en a prit un coup après les jeux – l’un plus que l’autre mais tout de même -, ce qui est remarquable dans leur histoire c’est qu’ils s’entraident mutuellement à se garder tels qu’ils sont. Alors que Katniss souffre plus que jamais du lavage de cerveau de Peeta, Finnick retrouve sa personnalité enjouée, son humour, son charisme. Qu’il emportera avec lui au Capitole, et qui ne reviendront pas…
Pour ce qui est de Johanna, j’ai longtemps hésité “Gentille ? Méchante ?”, c’était difficile de la classer parce que un coup elle était bien, un coup elle était exécrable… Et puis dans ce tome tout se clarifie. Et au final, j’ai juste a-d-o-r-é son personnage ! Ses sautes d’humeurs et sa façon d’être, souvent sur la défensive, la rendent, contre toute attente, super attachante. Parce qu’elle aussi, elle est fichtrement courageuse. Et elle a énormément souffert… Surement l’une des, si ce n’est la gagnante qui a le plus subit la fureur du Capitole : elle a vraiment TOUT perdu, elle a été torturée au point de ne plus pouvoir se laver (peur panique de l’eau)… Et pourtant elle est là, sur ses deux pieds, toujours assez forte pour lâcher des répliques cinglantes, participer comme elle peut aux entraînements, déterminée comme tous les vainqueurs à se venger du Capitole. Elle a su rester plus ou moins elle même, je suppose, et ça aussi c’est admirable.
En résumant, on ne peut qu’admirer tous ces vainqueurs qui sont encore là après tout ce qu’ils ont enduré, la torture, la perte de leurs proches, et qui ont vu tant de gens mourir sous leurs yeux. Katniss ne cesse de se répéter qu’elle a engendré toutes ces morts, se demande parfois : si elle s’était enfuie avec Gale, ces vies auraient été épargnées ? Certes. Mais Snow régnerai toujours sur Panem. Et les Hunger Games ne seraient pas terminés.
Ce tome est le plus profond de tous, il pousse à la réflexion, il emmène au-delà de la dystopie pour ado afin aborder des thèmes plus puissants. Suzanne Collins fait passer un message fort avec cette trilogie, qui met en avant tant de sujets qui méritent réflexion. Il faut saisir sous chaque aspect terrible du livre ce qui métaphore notre société actuelle. Le meilleur exemple que j’ai sous la main reste l’engouement, le plaisir qu’ont les citoyens du Capitole à regarder des enfants s’entre-tuer : c’est sans rappeler la télé-réalité en ce moment où, sans qu’il soit question de vie ou de mort, se forment des alliances, qui donnent lieu à des trahisons, et la plupart des candidats ont raté leur vie après ça. On nous montre que c’est en écrasant les autres qu’on parvient à ses fins, or ce n’est pas comme ça que le monde sera meilleur. Avec les petits gestes de Katniss qui vont faire d’elle le symbole de la rébellion, l’auteure tente de combattre cette idée. Lorsque Katniss s’est alliée avec Rue. Qu’elle l’a recouverte de fleurs à sa mort. Qu’elle a sauvé la vie à Peeta. Quand Thresh l’a épargnée. Et, bien que ce passage soit présent uniquement dans le film, lorsque Cato se rend enfin compte qu’il était, comme eux tous, un pion du Capitole, qu’on avait fait de lui une machine à tuer. Katniss incarne donc cette flamme qui doit toujours brûler en nous, qui refuse ce qui est injuste et qui conserve notre part d’humanité. Le Capitole en pensera ce qu’il voudra, les hommes ne sont pas des bêtes bonnes à s’entre-tuer et à se détruire mutuellement. On sait faire bien mieux. Il faut s’en donner la peine, et s’en rendre compte grâce à une éventuelle étincelle…